Hommage à Karin Marie-Neige Milliet Besson, mon amour
En 2011 j’ai rencontré Karin ( ou plutôt Karin Agazeblues ) sur Facebook, présentée par des amis communs, les auteurs de bande dessinée Sybille Titeux de la Croix et Améziane Hammouche de Blasio qui trouvaient que nous avions beaucoup de références culturelles communes.
Karin était en dépression et sortait d’un burn-out sévère comme conseillère financière à la Banque Postale où ses chefs de l’agence du Kremlin Bicêtre la poussaient à signer des contrats insensés pour des pauvres gens.
Pour ma part je me remettait difficilement de la faillite de ma dernière maison d’édition, de la trahison de mes associés et de la séparation douloureuse d’une amante japonaise suivie du bazar extrême de mes nombreuses relations amoureuses.
Après avoir laissé la boue retomber tranquillement au fond du vase et après un dernier essai où le tsunami du Tohoku avait envoyé dans mon lit pour se marier une autre japonaise très jolie mais un peu trop bizarre, j’avais enfin décidé qu’il était temps de retrouver une compagne pour partager une vie que j’espérais plus sage et moins addictive.
Sur les conseils de mes amis Sybille et Améziane et après avoir discuté par écrit comme madame de Sévigné sur Facebook, et surtout avoir énormément rigolé, nous avons décidés de nous rencontrer en vrai alors qu’elle venait d’avoir 50 ans et en était fort affectée.
Première surprise, nous ne correspondions pas du tout à nos critères physiques amoureux habituels respectifs.
Moi un bon vivant bouddha rigolard avec du ventre alors qu’elle préférait les guitaristes punks au visage émacié, et Karin genre guerrière badass forte en gueule alors que j’étais plutôt habitué à la féminité des geisha japonaises.
Deuxième surprise, on s’est tout de suite super éclatés !
Nous nous sommes tout de suite plus, envoyant nos désirs formatés et nos dépressions respectives avec leurs médicaments et aides psy diverses à la poubelle. Nous avions à nouveau 16 ans et nous étions amoureux !
Ce fut un été très chaud, nous étions insatiables l’un de l’autre. Et comme touts les amoureux nous nous sommes donnés des surnoms nunuches, Chafouette pour elle et Michachon pour moi, les célèbres fromages de la Fromagerie Morel des Deschiens, que nous adorions sur Canal +, dérision et humour, notre moto !
Comme elle ne travaillait plus, elle avait une jolie pension qui la mettait à l’abri et lui permettait d’être généreuse avec ses amis, donc la vie était belle et sans soucis. Elle m’a ramené à mes années rock et punk, on est beaucoup sorti et on s’est bien alcoolisés. On s’est super marré dans les bars, à la Maroquinerie ou dans des squats du XXe et de Montreuil, mais on s’est vite calmés car Karin n’avait pas de limite et pouvait tomber méchamment.
Je me suis installé chez elle a sa demande dès le mois d’août, trop heureux de vivre avec elle et nous avons commencé une vie délicieuse et joyeuse, rythmée par des séjours dans l’appartement familial "vue sur mer" à Royan ou dégriffés dans des palaces, des resorts ou simplement des endroits exceptionnels qu’elle trouvait sans cesse dégriffés sur le net. Egypte, Grèce, Turquie, Crète, Rome, Barcelone, Catalogne, Thaïlande, Canaries, Japon, une longue liste de bonheurs partagés.
Je l’avais introduit comme mon assistante la Butsu Zen Zone, le stand d’initiation à la méditation zen que j’animais à la Japan Expo avec mon amie de cœur Geneviève Gauckler en tant que Maître Banane où, bien que non pratiquante du zen, elle a immédiatement fait merveille avec son humour, son sens du contact humain et son sourire solaire. Elle m’a aidée pendant des années jusqu’à ce que nous cessions cette activité épuisante.
Beaucoup de mes projets d’édition sont tombés à l’eau dans les années qui ont suivi mais elle m’a soutenu sans faille pendant 13 ans, me permettant d’avoir une vie de bourgeois bohème et de mener à bout quelques livres alors que j’aurai du habiter un carton tout pourri au bord du périphérique.
Quand sa maman a eu son cancer elle l’a beaucoup aidé et accompagné, mère et fille étaient fusionnelles, et, bien que je lui ai soustrait Karin avec qui elle partait souvent en voyage, Françoise m’aimait beaucoup. J’ai toujours un « bon pour » non utilisé de sa part pour emmener à Venise « la personne de mon choix », hélas.
Nous sommes allées nous installer dans la grande maison familiale de Pont sur Yonne avec notre chienne Sweetie et nos chats qu’elle adorait pour l’accompagner dans son dernier mois et nous y sommes resté après son décès.
Ce n’était pas facile pour Karin, elle a eu du mal à faire le deuil et a pleuré chaque matin pendant des mois. Ensuite elle a pris en charge la succession et tout le travail que faisait sa mère pour le quotidien et le patrimoine, cette charge mentale et le stress associé ne l’a certainement pas aidé avant que sa neuropathie ne se déclenche. Néanmoins nous avons passé de belles années dans cette immense maison avec un très grand jardin dans le centre vile de Pont sur Yonne, notre chienne et nos chats. Le confinement COVID en particulier été un peur bonheur, nous rentions juste de Thaïlande et le printemps a été radieux, nous étions tout le temps dans le jardin au milieu des fleurs et des arbres avec nos animaux adorés.
Quand sa maladie a été diagnostiquée en mai 2023 cela a été un choc mais aussi une sorte d’été indien pour notre relation amoureuse. Malheureusement peu après notre chienne Sweetie à eu un cancer qui l’a emporté juste avant notre départ fin octobre pour le japon et le mariage de mon fils Steve à Tokyo avec Megumi. Ce fut notre dernier voyage et c’était formidable malgré nos difficultés tous deux à nous déplacer.
La suite a été terrible pour elle et pour moi, j’ai du me résoudre à la placer en EPHAD après sa tentative de défenestration et après avoir fait l’aidant au quotidien pendant plus d’un an car j’étais épuisé. J’avais développé une grave maladie pulmonaire qui m’a envoyé presque 4 mois en milieu hospitalier depuis juin dernier et qui m’handicape maintenant gravement avec de l’oxygène 24/24.
Ses 3 derniers mois ont été très difficiles, elle ne pouvait plus rien faire, juste rester couchée les yeux fermés.
Elle avait beaucoup de mal à parler, aussi je pense qu’elle n’était déjà plus dans ce monde et que son départ a été une délivrance.
Je suis triste mais aussi soulagé pour elle et mon cœur reste plein d’amour et de gratitude pour Karin qui m’a donné de nombreuse années de bonheur.
Nous nous étions trouvés et rien des peut effacer ces instants partagés et son sourire éclatant.
Reste en paix ma Chafouette, je t'aime !
Ton Michachon
Comme musique sa plus vieille amie d’adolescence Sissi à choisi pour la mise en bière (oui elle adorait la bibine) et l’inhumation The Passenger d’Iggy Pop, qu’elle adorait.
De plus elle a eu pendant des années dans son portefeuille une photo d’Iggy à poil avec son fameux gros kiki.
Sacrée Karin !
The Passenger
(Le Passager)
I am the passenger and I ride and I ride
Je suis le passager et je me promène et je me promène
I ride through the city's backsides (1)
Je me promène à travers les bas-fonds de la ville
I see the stars come out of the sky
Je vois les étoiles apparaître dans le ciel
Yeah the bright and hollow sky
Oui le vaste ciel lumineux
You know it looks so good tonight
Tu sais ça semble si bien ce soir
I am the passenger
Je suis le passager
I stay under glass
Je reste derrière ma vitre
I look through my window so bright
Je regarde à travers ma fenêtre si lumineuse
I see the stars come out tonight
Je vois les étoiles apparaître ce soir
I see the bright and hollow sky
Je vois le vaste ciel lumineux
Over the city's ripped backsides
Au dessus des bas-quartiers dévastés de la ville
And everything looks good tonight
Et tout semble bien ce soir
Get into the car, we'll be the passenger
Monte dans la voiture, nous serons les passagers
We'll ride through the city tonight
Nous nous promènerons à travers la ville ce soir
We'll see the city's ripped backside
Nous verrons les bas-quartiers dévastés de la ville
We'll see the bright and hollow sky
Nous verrons le vaste ciel lumineux
We'll see the stars that shine so bright
Nous verrons les étoiles qui scintillent si ardemment
Stars made for us tonight
Les étoiles faites pour nous ce soir
Oh the passenger
Oh le passager
Oh how he rides
Oh comme il se promène
Oh the passenger
Oh le passage
He rides and he rides
Il se promène et il se promène
He looks through his window
Il regarde à travers sa fenêtre
What does he see ?
Que voit-il ?
He sees the bright and hollow sky
Il voit le vaste ciel lumineux
He sees the stars come out tonight
Il voit les étoiles apparaître ce soir
He sees the city's ripped backsides
Il voit les bas-quartiers dévastés de la ville
He sees the winding ocean drive
Il voit la route sinueuse de l'océan
And everything was made for you and me
Et tout a été créé pour toi et moi
All of it was made for you and me
Tout cela a été créé pour toi et moi
Cause it belongs to you and me
Car ça nous appartient
So let's take a ride
Alors allons faire une balade
And see what's mine
Et voir ce qui est à moi
Oh the passenger
Oh le passager
He rides and he rides
Il se promène et il se promène
He sees things from under glass
Il voit des choses par transparence
He looks through his window side
Il regarde par son côté de fenêtre
He sees the things he knows are his
Il voit les choses qu'il sait siennes
He sees the bright and hollow sky
Il voit le vaste ciel lumineux
He sees the city sleep at night
Il voit que la ville dort la nuit
He sees the stars are out tonight
Il voit que les étoiles sont de sortie ce soir
And all of it is yours and mine
Et tout cela est à toi et moi
And all of it is yours and mine
Et tout cela est à toi et moi
So let's ride and ride
Alors allons nous promener encore et encore